Cloud_distribué

Publié le 7 avril 2021, mis à jour le 10 octobre 2023.

Gérer ses infrastructures informatiques de manière performante est un enjeu de taille. Les services des Cloud Providers sont légion et il est important de les rapprocher au plus près de leurs utilisateurs. C'est pour répondre à cette problématique que la notion de Cloud Distribué apparaît.

Vers une disponibilité à 100% et une performance optimale des infrastructures IT

Depuis l’avènement du Cloud, les Cloud providers sont à la recherche de la meilleure performance possible de leurs infrastructures pour satisfaire la demande des clients, toujours plus exigeante, d’accès en temps réel à leurs applications préférées. Si cette recherche peut s’avérer ambitieuse, elle est un élément clé pour ne pas engendrer des pertes de chiffres d’affaires ou un déficit d’image.

Plusieurs facteurs sont à l’origine d’un temps d’arrêt comme une panne, une défaillance d’un équipement en data center, un événement météorologique inattendu, une erreur humaine suite à une réparation ou un entretien d’un équipement.

Pour y palier, les entreprises ont donc plusieurs stratégies Cloud qui peuvent être mises en place :

  • Le Cloud Privé : dédié à un seul client, les serveurs peuvent être hébergés en interne ou par un fournisseur externe
  • Le Cloud Public : déployé par un fournisseur de cloud tiers, il est donc ouvert au public et partagé par les utilisateurs
  • Le Cloud Hybride : c’est un mélange de cloud privé et public reliés entre eux
  • Le Edge Computing : les fonctionnalités du Cloud Public directement sur le site physique du client

Bien que les data centers des Cloud Providers soient optimisés et sécurisés, ceux-ci ont des emplacements géographiques éloignés des sites physiques du client et limités en termes de performance pour toute entreprise souhaitant garder une approche hybride.

Les entreprises souhaitent désormais exploiter les plates-formes Cloud et tirer parti des services de Cloud public partout où elles le souhaitent, pas seulement dans les limites des zones ou régions traditionnelles des fournisseurs de cloud public.

Les grands principes du Cloud distribué

Le Cloud Distribué peut sembler très semblable au Edge Computing : il en est en fait son évolution. Les deux technologies impliquent en effet de traiter des données au plus près de l’endroit où elles sont collectées.

À la différence du Edge Computing, le Cloud Distribué va permettre de distribuer des services de cloud public à différents emplacements physiques spécifiques et variés (on-prem, Edge ou sur différents prestataires de Cloud Public), tout en les gouvernant et en les exploitant à partir d'un seul fournisseur de Cloud public.

Le Cloud Distribué va alors utiliser des solutions Edge et des passerelles avec un réseau local et agira comme un pont, réunissant le cloud et les systèmes informatiques qui sont en périphérie du réseau.

Très concrètement, ce sont des serveurs AWS ou Azure qui sont directement intégrés sur le site physique du client dans lesquels on retrouve les services et fonctionnalités souhaités du Cloud Public et qui restent gérés par les Cloud Providers.

La propriété, l’exploitation, les mises à jour et l’évolution des services seront de la responsabilité du Cloud Provider. Comme si les fonctionnalités les plus importantes dans les data centers d’AWS étaient directement accessibles sur le site physique du client.

Par exemple, AWS Outposts offre des machines AWS (les mêmes que celles des data centers AWS) qui hébergent les services AWS souhaités par le client. L’objectif est de bénéficier à la fois de la puissance et de la simplicité d’utilisation des services managés pour aussi en réduire la latence.

D’un point de vue réseau, les services cloud sont situés dans des sous-réseaux locaux ou semi-locaux ce qui leur permet de fonctionner de manière indépendante et intermittente sans être reliés. Les données sont ainsi transmises du point de collecte à une passerelle pour y être traitées, puis renvoyées à la périphérie.

2 scénarios sont alors envisageables :

  • Pour les données demandant une grande réactivité : le traitement au niveau local par une machine intermédiaire
  • Pour les données moins sensibles : l’envoi vers le Cloud à des fins d’analyses historiques, de traitement de données massives et de stockage long terme dans l’objectif de construire un modèle prédictif

distributed cloud

Quels en sont les bénéfices et les limites ?

Outre le fait que ce sont les mêmes avantages que le Cloud Public, à savoir une exploitation de l’infrastructure matérielle et logicielle par le Cloud pro vider, une élasticité financière et technique du Cloud et l’opportunité de bénéficier du rythme de l’innovation des différents clouds providers, ce système de Cloud Distribué permet de :

  • Améliorer les performances en termes de latence et de disponibilité. Il y a donc moins d’incidents réseau et une réduction du risque de pannes globales liées au réseau ou d’inefficacité du plan de contrôle.
  • Optimiser les coûts d’infrastructure en data center en réduisant les coûts d’exécution des charges de travail sur site.
  • Régler le problème de la souveraineté en étant en accord avec les législations locales, grâce à un hébergement des données en local.
  • Etre flexible sur la stratégie d’hébergement. Certains services locaux seront traités en local et d’autres applications directement migrées dans les data centers des Cloud Providers.
  • Accélérer sur l’innovation et l’adoption aux technologies par les équipes de développement. Ils ont la possibilité d’accéder aux univers des Cloud Provider et d’utiliser des nouvelles offres et fonctionnalités. Il est désormais possible de tester rapidement de nouvelles architectures afin de valider leurs conceptions avant de les implémenter rapidement dans l’environnement de production.
  • Moderniser des applications héritées en utilisant n’importe quelle combinaison des services de cloud public.

Bien que le modèle de Cloud Distribué présente de nombreux bénéfices, il existe cependant trois limites majeures :

  • La complexité
    Les systèmes informatiques distribués sont plus difficiles à déployer, à maintenir et à dépanner/débuguer que leurs homologues centralisés. La complexité accrue ne se limite pas au matériel, car les systèmes distribués nécessitent également des logiciels capables de gérer la sécurité et les communications.
  • Le coût initial plus élevé
    Le coût de déploiement d'une distribution est plus élevé que celui d'un système unique. L'augmentation de la charge de traitement due aux calculs et aux échanges d'informations supplémentaires fait également grimper le coût global.
  • Problèmes de sécurité
    L'accès aux données peut être contrôlé assez facilement dans un système informatique centralisé, mais il n'est pas facile de gérer la sécurité des systèmes distribués. Non seulement le réseau lui-même doit être sécurisé, mais les utilisateurs doivent également contrôler les données répliquées sur plusieurs sites.

Quel est son avenir ?

Pour le Gartner, le Cloud Distribué évoluera selon deux phases distinctes. Il a comme vision que les entreprises achèteront des sous-stations de Cloud afin d’éviter les problèmes de latence. On assistera donc à une augmentation spectaculaire du nombre et de la disponibilité des lieux où les services de Cloud peuvent être hébergés ou à partir desquels ils peuvent être consommés.

Au premier abord, les clients n’accepteront pas l’idée d’ouvrir leurs sous-stations à leurs voisins proches et préserveront l’utilisation de celle-ci dans leurs locaux. La prochaine génération de Cloud Computing fonctionnera en partant du principe que les sous-stations de Cloud seront situées partout, à la manière des hotspots Wi-Fi. Les frontières physiques du Cloud seront donc cassées, ce qui permettra aux entreprises de s’affranchir de contraintes de latence et d’ouvrir de nouvelles possibilités pour atteindre les clients dans des environnements dispersés.

Selon l’article du cabinet de conseil en stratégie McKinsey, l’adoption du Cloud va continuer de se développer considérablement avec un marché pouvant dépasser les 1000 milliards de dollars en 2030. Il détecte qu’il y aura deux tendances majeures chez les entreprises pour se distinguer et créer de la valeur : “Rejuvenate” et “Innovate”. Nul doute que le Cloud Distribué fera partie intégrante des stratégies Cloud des entreprises.